Sommes-nous gouvernés par des cabinets privés ?

Quel est ce mystérieux cabinet McKinsey, qui accompagne Emmanuel Macron depuis la création d’”En marche” jusqu’à la vaccination contre le Covid-19 ?
A l’occasion de la gestion de la crise sanitaire, ce cabinet privé est devenu le symbole de la personnification du pouvoir exécutif et de la défiance envers l’Administration et les institutions. Des interrogations ont notamment fait jour au sujet du traitement des lois relatives à la Covid-19 par le Conseil constitutionnel.

CONFLITS D’INTÉRÊT ?

Les liens étroits du cabinet privé McKinsey, chargé de la campagne de vaccination contre la Covid-19, avec le président Macron ont été mis en lumière par plusieurs journaux français. La décision du Conseil constitutionnel de valider la plupart des mesures du “passe sanitaire” a accentué ces interrogations, le fils de son président, Victor Fabius, n’étant autre qu’un directeur associé de ce même cabinet privé. Installé sur les Champs-Élysées, mais avec un siège social fiscalement avantageux établi aux États-Unis, ce cabinet de conseil en stratégie surnommé « La firme » avait été préalablement mandaté pour la restructuration des hôpitaux et leur adaptation aux contraintes financières et gestionnaires. En résumé, on fait donc appel aux mêmes officines pour gérer une crise dont les causes ont été induites par leurs propres conseils !

PRIVATISATION DE LA GESTION LOGISTIQUE, CAMOUFLET POUR L’ADMINISTRATION ?

La privatisation de la gestion logistique de la lutte contre la pandémie au niveau national à travers la vaccination a essuyé de nombreuses critiques. Dérive d’état, camouflet pour les institutions publiques écartées au profit du privé, le ministre de la santé Olivier Véran n’a pas été loquace lorsqu’il fut interrogé sur ce point le 21 janvier dernier par la commission des affaires sociales de l’Assemblée nationale. Les politiques n’aiment parler de leurs liens avec McKinsey, avoue le journal Le Monde qui a consacré un long article au sujet. Le contrat du gouvernement avec McKinsey est néanmoins estimé à 20 millions d’euros, d’après Politico.

PREMIERE RENCONTRE EMMANUEL MACRON-MCKINSEY EN 2007

Les liens entre Emmanuel Macron et le cabinet McKinsey remontent à 2007. Emmanuel Macron, alors inspecteur des finances, a 29 ans. Il devient rapporteur général adjoint de la commission Attali, dont le rôle était de proposer des réformes économiques au président Nicolas Sarkozy. Emmanuel Macron impressionne l’assistance. Parmi les membres présents se trouve Eric Labaye, alors dirigeant de McKinsey en France. Dans les sièges du public, il y avait trois ou quatre jeunes de McKinsey, qui faisaient des simulations sur Excel. Leur chef était si brillant qu’on l’écoutait comme s’il était membre à part entière de la commission. Ce chef s’appelle Karim Tadjeddine. Il est passé par les prestigieuses écoles d’ingénieur françaises Polytechnique et les Ponts et Chaussées. Le cabinet McKinsey intervient gratuitement pour cette commission, une mission appelée « pro bono » dans le milieu (« pour le bien public »). Alors ministre de l’Économie de François Hollande, Emmanuel Macron ambitionne de devenir président de la République. En avril 2016, il crée “En marche”. Au cours de l’été, des groupes de travail sont déjà sur pied. Une dizaine de salariés de McKinsey réfléchissent à des propositions sur l’économie ou les grands dossiers régaliens, raconte Le Monde. La candidature officielle d’Emmanuel Macron à la présidentielle sera annoncée le 16 novembre 2016. Les salariés de McKinsey sont-ils intervenus sur le temps libre ou à titre bénévole ? La société n’a pas répondu au Monde. Aucune trace ne figure, en tout cas, dans les factures du candidat Macron déposées à la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques. Une fois Macron élu Président, de jeunes consultants de McKinsey rejoignent le pouvoir : directeur adjoint du cabinet du secrétaire d’État au Numérique, chef du « pôle projets » et directeur général de “LREM”… Éric Labaye, le dirigeant de McKinsey que le Président avait rencontré en 2007, a été nommé quant à lui président de l’École Polytechnique par Emmanuel Macron en août 2018.

UNE SOMME RONDELETTE VERSÉE POUR « RÉFLÉCHIR AUX ÉVOLUTIONS DU MÉTIER D’ENSEIGNANT » !

Mardi 18 janvier, la commission d’enquête du Sénat s’est réunie pour mesurer « l’influence croissante des cabinets de conseil privés sur les politiques publiques ». Un des directeurs associés du cabinet de conseil McKinsey a eu toutes les peines du monde à justifier un contrat de 496 800 euros pour « évaluer les évolutions du métier d’enseignant », entre autres sujets de discussion. L’objectif était de mieux comprendre le rôle joué par ces cabinets dans la gestion de la campagne de vaccination contre la Covid-19, mais aussi en savoir davantage sur la nature de certaines missions facturées à plusieurs centaines de milliers d’euros. La présidente du groupe communiste Éliane Assassi, rapporteure de la commission, a ainsi interrogé Karim Tadjeddine, responsable du pôle Secteur public de McKinsey France sur ce contrat juteux. Pour justifier la somme perçue par son cabinet, l’intéressé a déclaré entre autres qu’elle avait servi à organiser un « séminaire » pour « réfléchir aux grandes tendances des évolutions du secteur de l’enseignement ». Des réponses fumeuses assorties d’un vocabulaire de technocrate qui ont fait largement réagir les enseignants sur les réseaux sociaux !

Sur un ton plus humoristique :

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